Friday, May 25, 2007

ABUS DU POUVOIR

LA MOBILITE DES MANAGERS AU MAROC

La mobilité des compétences entre l’Administration et le privé est souhaitable dans la mesure où elle pourrait rendre service et contribuer au développement de l’entreprise, de l’Administration et du Pays, mais à condition que cette mobilité tienne compte de la compétence des managers, de leur expérience, de leur maturité, de la taille des unités et de l’importance des missions qui leurs seront attribuées. Tout déphasage généré entre le manager et l’entreprise nouvellement « acquise » crée des dissensions et des dislocations au sein de la structure de cette dernière et provoquerait sa fragilisation, son affaiblissement et sa décroissance voire sa ruine. Et c’est ce qui arrive souvent quand la mobilité est perçue comme une attribution de carte blanche et comme une délégation des pouvoirs sans réserves et lorsque le choix des managers n’obéit à aucune règle précise pour évaluer les candidats proposés et non imposés.

L’expérience administrative et bureaucratique peut être utile certes pour le secteur privé, mais elle ne doit se limiter à l’installation par exemple d’un bureau d’ordre pour enregistrer les courriers et faire traîner le temps pour gagner du temps. Aussi elle ne doit pas chambouler les organisations productives en les transformant en organisations hiérarchiquement administratives (pyramidale et descendante) pour bloquer la fluidité des actions. Et ce dans le seul but de canaliser les demandes d’actions à engager et les informations même les plus élémentaires vers la tête pesante et non pas pensante. La mise en place d’un « bureau d’ordre » n’est nullement une formalité pour s’assurer de la traçabilité mais elle peut devenir un outil de blocage et de freinage de tout un système dynamique et qui ne sert qu’à valoriser le rôle du nouveau manager et le supplier à formuler son accord en apposant sa signature qui vaut dans certains cas, plus que son poids en or !

Pour une meilleure compréhension, nous citons l’exemple d’une société privée dont le patron a été parachuté de l’Administration pour passer 9 heures par jour entre la navette en train entre Rabat et Casablanca (modestie oblige) et la signature de documents. Le jour quand il n’y a rien à signer, il signe comme même des pages blanches et ce afin de maintenir son enrichissement matériel et personnel et pour éviter d’oublier sa signature et prévenir des pannes d’encre ! Avec ce rythme de signature, il a même constitué un stock de pages signées à blanc pour les années à venir, sachant qu’il allait partir en retraite dans quelques mois. En plus de la constitution d’un stock tampon, il a chargé ses soldats de vendre au marché noir des pages signées à blanc, pour aider les entreprises de construction à échapper aux contrôles rigoureux et sérieux. Parmi ses exploits, il est arrivé à vendre une page signée à blanc aux industriels de son secteur attestant que les produits de construction qui seront fabriqués après son départ en retraite seront éternellement de qualité moyennant le règlement de 6 000 000 dhs par année !

Aussi, la mobilité des managers est associée à des réorganisations qui sont de nature à introduire des maillons faibles dans la chaîne de production et dont les rôles se limitent à applaudir les moindres gestes et paroles du manager et faire valoir son autorité et faire passer ses décisions les plus controversées sous prétexte de consensus stratégique et scientifique. Dans le domaine de la gestion des ressources humaines, ce genre de manager croit dur comme en fer que la politique de diviser pour régner est la seule capable de lui permettre de rester maître de la situation. il n’ose pas de décharger et licencier injustement les meilleures compétences pour affaiblir la société et créer un environnement lui permettant d’apparaître et de se comporter comme une star sans art et de faire la loi lui permettant de terroriser les faibles en punissant les forts. N’ayant ni stratégie, ni compétences, ni éducation, ce genre de manager utilise souvent le mensonge et l’argent comme dans les élections pour acheter les voix et la soumission forcée de ses employés, pour éviter dans certains cas les grèves et dans d’autres cas, de commander et de provoquer des grèves afin de déstabiliser ses « collaborateurs » et de monter le personnel contre les insoumis, pour tenter de ridiculiser les personnes compétentes et les amener à démissionner et pour acheter les syndicats : Les réunions des bureaux syndicaux sont présidées par le manager contre des primes et des amuses gueules à distribuer injustement aux membres des bureaux et aux représentants des syndicats régionaux. Ce système d’attribution de primes aux incompétents et aux faibles maillons de la chaîne a toujours donné son fruit. En guise de témoignage, un de ces « managers » a pu occuper sa place durant cinq (malgré ses incompétences confirmées) pour atteindre l’age de sa retraite et il est parti avec un salaire confortable qui s’élève à 10 fois plus ce qu’il touchait dans l’Administration.

En contre partie des manœuvres de gestion ingrate et irresponsable, la trésorerie et le chiffre d’affaire des sociétés en question arrivent à la limite du gouffre (le téléphone, l’électricité, les salaires ne sont pas payés dans les délais, les banques ne font plus confiance, etc ). En plus, ce genre de manager pratique le maquillage de leur gestion en présentant des budgets irréalisables et en créant par la suite des incidents et des mensonges pour expliquer les écarts enregistrés. Les clients des sociétés concernées ne font plus confiance et manifestent d’ailleurs leurs mécontentements quant à la mauvaise qualité des travaux effectués mais leurs réclamations se volatilisent sans laisser de traces au niveau du bureau d’ordre !

En plus de sa retraite bien garnie, sa loyauté monnayée envers ses maîtres complices, lui a valu une nomination d’Expert dans l’Eau à la Primature (Protection contre les chocs de Courant Electrique oblige!) Et ce dans le seul but d’empêcher et de retarder l’éclatement des audits de la GIF qui avaient décelé de la corruption dans l’attribution des marchés de construction des barrages et d’ajourner la traduction en justice des responsables impliqués et dont il fait parti ! Aussi et vu son incompétence, on l’a proposé membre résident à l’Académie des Sciences et Techniques Hassan II, alors qu’il avait fermé 5 Centres de recherches et renvoyer plus de 100 chercheurs des facultés et universités marocaines.

Lors du passage de ce genre de managers, la croissance des sociétés disparaît devant l’amplification de la décroissance. A titre d’exemple, la gestion d’une des sociétés du secteur privé par un manager de l’Administration s’est soldée par une perte de marché de 70 millions de dhs pour la première année pour atteindre plus de 120 millions de dhs en 2003 et 200 millions de dhs en 2004, sans oublier les pertes indirectes provenant du licenciement du personnel, de la marginalisation des compétences, de l’augmentation de fausses charges et de la corruption qui ronge la société, etc……Ce genre de résultats est souvent obtenu suite à une mobilité démesurée. Ce qui constitue d’ailleurs l’exemple d’une expérience réelle d’un des « managers » qui a bien voulu fuire l‘Administration pour s’enrichir et entraîner une des sociétés fleurissantes de la place au bord du gouffre. Cette société qu’on avait surnommée à l’époque laboratoire aux œufs d’or est devenue une poule mouillée qui dégage l’odeur de l’œuf pourri!

La nomination de managers à la tête de sociétés de l’Etat doit obéir à des règles pour juger leur compétence. Elle doit faire appel à des contrats programmes, en prévoyant des mesures d’accompagnement et de jugement et des critères de rentabilité vérifiables à tout moment par des auditeurs externes. Elle doit tenir compte du profil du candidat proposé, de son tempérament, de ses tendances « politiques » et « religieuses », de l’importance des missions prévues. Les critères de sélections doivent permettrent d’éliminer les candidats proches de la retraire (l’age maximal de 45ans pourrait ère imposée), ceux qui pourraient utiliser des pratiques mafieuses, les voyous et les intégristes et ceux qui ne cherchent que l’enrichissement matériel ( la déclaration du patrimoine est indispensable pour limiter les dégâts).

A titre d’illustration, nous livrons ci–après le bilan enregistré au terme de 5 ans de gestion par un directeur parachuté de l’Administration à une société de laboratoires publics (LPEE), qui continue d’assurer le monopole de contrôle des constructions pour le compte de l’Etat et du Public:

Le licenciement abusif de directeurs des laboratoires de Nador et de Marrakech et de Fès
Le licenciement abusif des directeurs de l’ACREI et du CEREP
Le déchargement abusif des directeurs du CSTC, du CEM et de l’INEC et leur marginalisation dans des bureaux sans travail depuis plus de 5ans
Le déchargement abusif des directeurs des quatre CRR (Centres de Réalisation et de Recherche du bâtiment, de l’hydraulique, de la géotechnique et des routes)
La marginalisation de 23 ingénieurs et techniciens ( personnel payé sans lui confier du travail)
Le licenciement de 85 secrétaires et assistants sous prétexte qu’ils seront embauchés par une société d’intérim
La démission forcée des cadres expérimentés et compétents, à raison de 3 à 5 ingénieurs et techniciens en moyenne par mois durant les deux dernières années
La fermeture de 5 laboratoires provinciaux et bientôt d’un laboratoire régional
L’implication du Directeur Général et de la directrice des ressources humaines et de la logistique dans des conflits internes visant à déstabiliser les directeurs en utilisant les syndicats et le personnel pour déclencher des grèves et des affrontements entre les directeurs insoumis et leur personnel
L’implication du Directeur Général et de la directrice des ressources humaines et de la logistique dans des délits de vol du matériel du laboratoire dont certains appareils sont radioactifs et ce sans aviser les autorités compétentes!
L’implication du directeur général, de la directrice des ressources humaines et de la logistique, du chef de service des approvisionnements, du chef de parc automobile et du directeur financier dans des opérations illicites d’achat de matériel, de location de véhicules et de construction de locaux. Ces opérations ont été réalisées moyennant des commissions (corruption chiffrée à 15% du montant total des investissements réalisés depuis 2000 à 2006)
L’implication de la directrice des ressources humaines et de la logistique avec le chef de service des approvisionnements dans une relation d’adultère.
La pratique de harcèlement sexuel par la directrice des ressources humaines sur des directeurs et des ingénieurs pour les amener à satisfaire ses fantasmes. Lorsqu’ils refusent, elle les prive de leurs droits et les marginalise en usant de ses pouvoirs multiples! Son dernier forfait s’est traduit par l’obligation de son adjoint chargé de l’action sociale de divorcer pour se libérer pour elle.
La pratique de harcèlement par le chef de service des approvisionnements sur les jeunes filles recrues, ce qui l’a entraîné dans une affaire de justice qui est gelée volontairement au tribunal et qui a pris une tournure de corruption et d’abus des pouvoirs de la directrice des ressources humaines et de la logistique pour protéger son amant et son complice.
Le remboursement des factures provenant des soldats barbus du directeur général du LPEE qui semblent présenter des affinités et des activités douteuses avec les intégristes et les terroristes religieux
Le financement indirect des activités des barbus en leur accordant des forfaits de déplacement sans se déplacer !
L’attribution de forfait de déplacements qui s’élève à 10 000dh par mois à la directrice des ressources humaines de la logistique, alors qu’elle ne se déplace jamais dans le cadre de son travail, sa voiture luxueuse (acheté par la corruption qu’elle a touchée ( 600 000 dhs) lors de la réalisation du marché du matériel des essais électriques provenant de l’Italie )
Le maintien en poste du directeur financier alors qu’il a dépassé l’age de retraire (60ans) sous prétexte qu’il est le seul compétent et qu’il est irremplaçable, sachant qu’il n’a même pas le niveau de baccalauréat et que le Maroc connaît un taux de chômage élevé.
Le maintien en poste des directeurs des laboratoires régionaux durant plus de 30 ans ((cas d’Agadir, Kenitra, Tanger, Oujda) corruption et partage des intérêts avec le directeur général et son entourage)
Le maintien en poste du directeur du C3E alors qu’il a fait l’objet de plusieurs contestations de la part des clients dans des affaires de corruption ( ONE et industriels des appareils électriques)
La couverture des ingénieurs et des directeurs des laboratoires et centres qui acceptent la pratique de la corruption, le paiement sans présentation de factures, le détournement de caisses (C3E et le LR Kenitra) en arrosant le directeur général et son entourage du siège
La corruption des juges qui ont eu la charge de juger les plaintes déposées par les ingénieurs et techniciens licenciés, rien que pour 3 affaires jugées récemment à Casablanca, cette société a déboursé plus 1 000 000 dhs pour transformer les jugements en faveur de la société pour confirmer au conseil d’administration qu’ils avaient raison de les licencier. Cet argent est comptabilisé sous forme de conseil juridique, payé à leur avocat qui se charge de soudoyer les juges !

La liste des pratiques mafieuses et destructives visant l’enrichissement du gestionnaire parachuté et de ses soldats est longue, nous nous sommes limités à donner ces quelques exemples qui sont facilement vérifiables. Il aurait fallu engager un audit externe neutre par les ministres symbolisés par la balance et qui se sont succédés à la présidence de cette société de laboratoires, malheureusement ils ne l’ont pas fait, pourtant, ils ont été avisés de l’ensemble des dépassements en leur temps. Une telle inertie de la part des présidents, peut amener à penser à l’implication de la balance pour se servire de la mesure de leurs intérêts pécuniaires !.

L’étouffement des affaires malsaines et des excès découlant des évènements de la gestion irresponsable du manager parachuté pourraient avoir les mêmes raisons que celles de l’affaire Annajat qui a éclaté entre les mains du Chef du même parti et du ministre d’Etat cherchant des feuilles sans porte feuille ! Finalement la politique du parti de la balance et la gestion des entreprises de l’Etat sont comme le feu et le pétrole, dés contact il y a incendie qui ravagera les caisses, les comptes et tous les biens et ne laissera que les cendres !

En fin la mobilité des managers-criquets favorise le passage de ces derniers dans des champs d’entreprises verdoyées et les transforme en terrains dévastés. Par cette nouvelle forme de saccage sous couvert de la mobilité des cadres et des managers, les clients, comme les chercheurs d’emploi, comme le personnel interné n’auront confiance ni dans les entreprises ni dans leurs administrateurs ni dans leurs Présidents politisés par insémination ! Cependant tout le monde garde de l’espoir dans l’accouchement prévu en septembre au Maroc et en particulier à Casablanca à Sbata .